Bulletins

1 705

Quelles sont vos obligations envers un employé en période d’essai?

Vous venez d’embaucher un nouvel employé. Dans le contrat de travail ou l’entente verbale, vous convenez que le nouvel employé est sujet à une période d’essai ou, pour utiliser le terme plus populaire, une période de probation d’une durée de six mois. Quelles sont les conséquences d’une telle condition?

Le salaire

Dans un premier temps, la question du salaire ne se pose même plus : toute période d’essai doit être rémunérée. L’article 57 de la Loi sur les normes du travail, au 4e paragraphe, prescrit qu’« [u]n salarié est réputé au travail […] durant toute période d’essai ou de formation exigée par l’employeur ». Par conséquent, il doit être rémunéré.

La fin de la période d’essai

Il va de soi que votre droit de gérance appliqué raisonnablement vous donne le droit de superviser le nouvel employé, de lui faire connaître vos objectifs, de l’aider à les atteindre et, le cas échéant, lorsque les résultats ne sont pas convaincants, le droit de terminer son emploi.

Les règles sur la cessation d’emploi s’appliquent sans égard au fait que l’employé soit à l’essai. Si la cessation d’emploi s’effectue à l’intérieur des trois premiers mois, l’article 82.1 de la Loi sur les normes du travail dispense de l’obligation de donner un préavis. Si elle survient après trois mois de service continu (mais à l’intérieur de la période d’essai de six mois), un préavis d’une semaine est exigé, sauf circonstances exceptionnelles (si l’employé a commis une faute grave, par exemple).

Et les absences temporaires?

Un écueil qu’il faut toutefois éviter. Dans votre entente, vous avez convenu que la période d’essai est de six mois, sans autre précision. Que se passe-t-il si votre employé s’absente de son travail pour des raisons de santé pendant deux semaines?

Généralement, la période d’essai devrait être consacrée à l’exécution du travail et à la formation, bref, à des situations liées au travail. L’absence pour maladie devrait donc être exclue du calcul des six mois : la période d’essai devrait alors être suspendue.

Afin de clarifier cette situation, il est recommandé de préciser que la période d’essai soit plutôt calculée en nombre d’heures travaillées. Ainsi, pour un employé travaillant 40 heures par semaine, une période d’essai de six mois pourrait correspondre à 960 heures travaillées, y compris les heures de formation et autres situations liées au travail.

À retenir

En matière d’emploi, la période d’essai est une période destinée à éprouver les aptitudes d’un employé à occuper un poste. La période d’essai pourrait aussi s’appliquer aux employés promus à un nouveau poste.

Embaucher un employé à l’essai peut donc être une excellente façon de voir si vous avez trouvé le candidat idéal pour un poste. Soyez toutefois conscient qu’à toutes fins utiles, un employé à l’essai bénéficie d’une protection juridique analogue à celle de tout employé.

Commentaire de Jacques Bélanger, de notre groupe de droit du travail et de l’emploi.

1 705

Articles dans la même catégorie

L’affaissement était-il naturel?

Dans la décision récente, Weber c. Société d’assurance Beneva inc., 2024 QCCS 622, la Cour supérieure rappelle les principes applicables lors d’un litige sur l’application d’une police d’assurance, et de ses exclusions. Brian Weber et Fiona Buell poursuivent leur assureur, Société d’assurance Beneva inc. (« Beneva »), afin qu’elle les indemnise pour les dommages subis à leur […]

Défendre une injonction et des dommages punitifs? Oui, dit la Cour d’appel!

Le 18 avril dernier, la Cour d’appel du Québec (la « Cour ») rendait un arrêt de première importance dans le dossier Promutuel Vallée du St-Laurent, société mutuelle d’assurance générale c. Noyrigat-Gleye, 2024 QCCA 447, concernant l’obligation de défendre en matière d’injonction et de dommages punitifs. De plus, la Cour en profite pour préciser dans quels […]

Obligation de défendre? Modérez vos transports!

Dans la décision récente Intact Compagnie d’assurance c. Entreprises Transkid inc., 2024 QCCS 16, la Cour supérieure du Québec (la « Cour ») devait déterminer si une police d’assurance globale des transporteurs comprenant une garantie d’assurance responsabilité civile à l’égard de marchandise transportée par camion pouvait trouver application en cas d’entreposage temporaire. Les faits L’affaire concerne […]

Traitement des réclamations par l’assureur – rappel de quelques principes

Le 12 février dernier, la Cour d’appel rendait un arrêt intéressant dans le cadre d’un litige opposant la Société d’assurance Beneva inc. (« Beneva ») à ses assurés1. Origine du litige et décision de la Cour supérieure Le recours judiciaire avait initialement été intenté devant la Cour supérieure par les assurés2, en raison du refus […]

La perte de jouissance est-elle un sinistre couvert?

La Cour du Québec s’est prononcée récemment sur cette question dans l’affaire Long‑BÉ Express Limited contre Service Routier ML Inc. et Intact Compagnie d’Assurance. Dans le contexte d’une demande de type « Wellington », Service Routier demandait que son assureur prenne son fait et cause et assume sa défense et ses frais dans le cadre de la […]

Même la discrétion judiciaire a ses limites

Le 25 janvier 2024 dans le dossier Liquidation de Groupe Dessau inc., la Cour supérieure du Québec a rejeté une demande d’approbation de règlement dans le cadre d’une liquidation volontaire de plusieurs entités du Groupe Dessau-Verreault-LVM (« Dessau »). Ce jugement traite des limites des pouvoirs discrétionnaires du tribunal en matière de liquidation volontaire. Survol des procédures […]

Soyez les premiers informés

Abonnez-vous à nos communications